De la désinformation aux effets spéciaux : le double visage des deepfakes

Vecteur de désinformation de masse ou nouvelle forme de créativité ? Les deepfakes font débat parmi les experts et les sociétés.

Ces vidéos manipulées créées à l’aide de l’intelligence artificielle, peuvent en effet tromper les internautes. D’un autre côté, celles-ci représentent une avancée créative intéressante dans l’industrie cinématographique.

Découvrons pourquoi il est nécessaire de différencier les risques des deepfakes des opportunités que ces derniers ont à offrir, et ce, afin d’en tirer le meilleur parti.

Brève définition du deepfake

Apparu dans les années 2017, le deepfake est une vidéo falsifiée qui consiste généralement à remplacer le visage d’une personne par une autre.

Au départ utilisés à des fins humoristiques, les deepfakes ont rapidement servi la désinformation en créant des vidéos à partir de visages de célébrités.

Les avancées technologiques permettent désormais de créer des deepfakes de plus en plus réalistes, suscitant l’inquiétude sur leur potentiel à manipuler les masses.

Les préoccupations sont d’autant plus grandes que les deepfakes exploitent les biais de la psychologie comme c’est le cas avec l’effet Mandela qui renforce de fausses croyances.

Effet Mandela et deepfakes : quel lien ?

L’effet Mandela fait référence à un biais psychologique par lequel un grand nombre de personnes partagent le souvenir d’un événement qui ne s’est jamais produit.

Le phénomène tient son nom d’une fausse croyance selon laquelle Nelson Mandela serait décédé en prison dans les années 1980. En réalité libéré en 1990, ce dernier est devenu président de l’Afrique du Sud quatre ans plus tard et ne s’est éteint qu’en 2013.

De la même manière, les deepfakes, lorsque relayés par les masses, peuvent conduire à créer de faux souvenirs renforcés par la présence de vidéos manipulées pouvant constituer de (fausses) “preuves”.

Du bon usage des deepfakes : l’exemple du cinéma

Si les deepfakes posent des questions éthiques, il est néanmoins nécessaire de souligner leur potentiel créatif, notamment dans l’industrie cinématographique.

Qu’il s’agisse de “ramener à la vie” un acteur décédé ou de créer des effets spéciaux particulièrement convaincants, les deepfakes offrent de nouvelles perspectives artistiques.

Pour ne donner que quelques exemples d’utilisation de deepfakes dans le cinéma, citons les films :

  • “Rogue One: A Star Wars Story” sorti en 2016, a utilisé la technologie deepfakes afin de ramener à l’écran l’acteur Peter Cushing, décédé en 1994 soit 22 ans plus tôt !
  • “Blade Runner” sorti en 2017 afin de rajeunir l’actrice Sean Young et de lui donner l’apparence de son personnage Rachael qu’elle avait interprété dans le film original “Blade Runner” en 1982.
  • “The Irishman” de Martin Scorsese, sorti en 2019 dans lequel la technologie sur laquelle resposent les deepfakes a, là aussi, permis de rajeunir les acteurs Robert De Niro, Joe Pesci et Al Pacino.

Un autre avantage des deepfakes appliqués à l’industrie cinématographique est que cette technologie est peu coûteuse et permet de réaliser des économies sur la production d’une œuvre.

Vous l’aurez compris, les deepfakes, comme bien d’autres technologies, ont une double facette. Utilisée à mauvais escient, celle-ci peut mener à des dérives en matière de manipulation de l’information. Néanmoins, utilisés de manière responsable, les deepfakes offrent de nombreuses opportunités, comme le démontre leur utilisation dans le cinéma.

Par Polymeta News Technologie