Comment les ligues et les clubs profitent des équipementiers

Plus une équipe sportive a du succès et gagne en notoriété, plus la guerre fait rage entre les marques et sponsors qui souhaitent la représenter. Partout en Europe, les équipementiers cherchent à obtenir l’exclusivité pour produire les maillots des meilleurs clubs. Cette situation est totalement différente aux Etats-Unis. Le pays a adopté un système qui garantit l’équilibre entre les équipes et permet aussi aux ligues de s’enrichir.

Le modèle américain à part

Le show à l’américaine doit sa renommée en partie à son système économique. Contrairement aux pays européens, les règles concernant la concurrence sont particulières aux Etats-Unis. Aucune équipe ne doit pouvoir disposer d’un avantage financier par rapport à une autre en tirant profit de sa notoriété. C’est ce même principe qui est au coeur des Drafts, comme l’explique le site de France TV Info : l’équilibre sportif prime sur le reste. C’est pour cette raison que les contrats de sponsoring au niveau des équipements ne sont pas négociés par les équipes elles-mêmes, mais par les championnats directement.

Ainsi, depuis 2005, la Major League Soccer (MLS), le championnat national de football des Etats-Unis, a mis fin à la concurrence qui existait entre les marques de sport qui se disputaient l’exclusivité de certaines franchises. Désormais, c’est Adidas qui imagine, produit et vend à lui tout seul les maillots de chacun des clubs. Dans les autres ligues du pays aussi on ne retrouve qu’un seul équipementier en charge de toutes les franchises : la National Hockey League (NHL) de hockey sur glace et la National Football League (NFL) de football américain comptent sur Reebok, alors que c’est Majestic qui habille les clubs de la Major League Baseball (MLB) depuis le début des années 2000.

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Ce modèle existe aux Etats-Unis depuis plus d’une quarantaine d’années. Dès les années 80, c’est la National Basketball Association (NBA), le championnat national de basketball américain, qui a lancé la mode. La marque MacGregor Sand-Knit a été la première à avoir l’exclusivité des maillots des basketteurs pendant quatre ans. Ce n’est ensuite qu’en 2006 que la ligue décide de renouveler un partenariat similaire, cette fois avec Adidas. La NBA finira par opter pour le concurrent américain, Nike, dès 2017. Aujourd’hui, que se soit Lebron James avec les Los Angeles Lakers ou Stephen Curry avec les Golden State Warriors, tous s’affrontent sur les parquets de basket en arborant la marque à la virgule.

Tout l’inverse en Europe

La particularité de ce système séduit aussi ailleurs partout à l’international. La Chinese Super League (football) s’est déjà associée à Nike, et la Canadian Super League est désormais liée à Macron. Au Mexique, l’idée d’un partenariat exclusif avec un seul équipementier unique pourrait sortir le championnat national de la crise qu’il traverse depuis plusieurs mois. En effet, Liga MX pourrait ainsi percevoir directement la contrepartie financière de la part de l’équipementier, qu’elle versera ensuite de manière équitable aux clubs (quelles que soient leur performances sportives), tout en conservant une partie pour gérer ses dépenses.

En Europe, et cela est aussi le cas en France, ce modèle irait à l’encontre des règles contre les monopoles et les lois de la concurrence. C’est pour cette raison que les ligues ne l’ont pas adopté. Chaque équipe négocie donc tout seul ses contrats de sponsoring et en tire l’intégralité des bénéfices. C’est ainsi que certains fossés financiers se sont creusés entre elles. A titre d’exemple, le Paris Saint-Germain profite grandement de ses bons résultats sportifs et de sa notoriété : le club est annoncé comme favori par les bookmakers pour pour remporter son 10ème championnat de France en fin de saison, coté à 0.4 sur le site de paris sportifs Betway (chiffres du 15 mars). C’est donc sans surprise que la marque Nike a accepté de reverser plus de 80 millions d’euros au PSG pour prolonger sa collaboration en 2019. A titre de comparaison, son rival marseillais ne reçoit que 15 millions d’euros annuels de la part de son équipementier, Puma.

En France et dans la plupart des autres pays d’Europe, c’est donc à travers les sponsors que les clubs s’enrichissent et peuvent prendre le dessus sur les autres financièrement en profitant de leur notoriété. Aux Etats-Unis, ces différences trop nettes entre les franchises sont évitées par un système qui veille à l’équilibre et qui permet surtout aux championnats de rester intéressants. C’est ce suspens qui garantit le show à l’américaine.

Par Polymeta News International